Le café nuit gravement à la santé
Il roule vite, très vite. Il court contre sa montre, slalom les voitures, esquive les piétons, évite les feux rouges, dépasse le tramway pour à la fin poser ses fesses dans un café toute l’après-midi. De 3 heures à 8 heures du soir, il se met à griller une cigarette après l’autre tout en rêvant d’un avenir meilleur aux Etats-Unis ou à Malmö entouré de blondes Suédoises. Laissez- le rêver. C’est son droit. Sans rêve, les pauvres se seraient tous suicidés.
Comprenez-moi bien, j’adore Abass, Soufiane et tous ceux que je croise au café. Le point commun entre tous ces abonnés est cet optimisme qu’ils ont dans leurs vies. Le chômeur rêve d’un boulot, le cadre rêve d’un meilleur poste, le gérant rêve de plus de revenu et la demoiselle veut un mari (Hey la gazelle, moi je cherche un Plan Q, notes n'mireti : 062332323). Cet optimisme dans la vie de ces gens est grâce aux films d’Hollywood qui apprennent aux petits qu’une fille c’est des nichons, qu’un mec c’est DiCaprio et que la cocaïne de Jordan Belfort c’est pour les plus cool mais bon revenons à notre café.
Comprenez-moi bien, tout est éphémère sauf le café de rass derb. Que ça soit dans un endroit huppé ou pas, le café remplace toutes ces séances d’écoutes qu’on devait avoir chez un psy. Certes, toutes les catégories sociales fréquentent le café mais chacune a sa conversation typique. Par exemple, Soufiane qui appartient à la catégorie « Etudiant un jour, Chômeur toujours» est souvent engagé dans des conversations déprimantes. En effet, il a sacrifié 3 mois en stage de pré-embauche pour finir à la débauche et enfin déduire que son boss, Moul Chekara, le prince des Cheffara, n’était qu’un sacré Satan. « Moul chekara tay’ hder et chitane prends note».
Au café, on trouvera aussi des romantiques sans abri tel le charmant couple d’Abass, le concierge, et Karima, la femme de ménage. Abass chante « Karima oh oh, Karima ne7ma9 3lik, Karima n’mout 3lik» et Karima rougit et murmure « Lay meskhek al wile , hechemtini». Oui, « Lay meskhek » est tendre pour Karima comme pour ma mère qui, pour me gâter, m’appelle « Da7ch». Si le couple ne commande qu’un seule verre de thé, ce n’est pas faute d’argent mais plutôt parce qu’ils aiment tout partager. Oui c’est ça, mon œil. Bref, Abass doit voler des petits bisous rapidement avant de retourner à son boulot. Laissons les tranquilles alors, « Dfiw do chuia».
Non, rallumez les lumières. Abass, je comprends ta frustration, mais tu me déranges avec ton bruit. Ce n’est pas une pastèque que t’as en face de toi, c’est une femme. OUF !
Comprenez-moi bien, je n’ai pas oublié de parler de l’élément le plus important dans cette histoire : l’7oucine le serveur. Lui, dès qu’il te voit, il sait d’avance ce que tu vas commander. Nss’Nss , léger, du thé, ou la verveine, l’7oucine te classfie par la boisson que tu commandes. "Ton ami qui prend du thé vient de partir, oui, le mec petit de taille". "Amine? Celui qui prend Spiciane, non il n'est pas venu Aujourd'hui". En plus, l'7oucine est toujours souriant- sauf quand tu oublies de lui filer son pourboire- et est toujours prêt à t’écouter si jamais tu as besoin de parler à quelqu’un. Si le café de Rass Darb est la source de revenu de l’7oucine, il est, pour toi, la source de ta routine fatale.
Bref, un grand hommage au « Café de Rass Derb», celui qui comprend nos peines, les allègent et nous fait croire à un lendemain meilleur. Quel salaud !
Sauvez le soldat Benkiki du Café de Rass Derb!